Garrett Hardin
Qui était Garrett James Hardin
- C'était un écologue américain né le 21 avril 1915 (juste après la fin de la Première Guerre mondiale, mort 14 septembre 2003), notamment connu pour un article qu'il a publié en 1968 : The Tragedy of the Commons (La Tragédie des biens communs).
- Il y décrit les mécanismes de prédation des ressources naturelles (pas, peu difficilement, couteusement ou lentement renouvelables) qui se mettent en oeuvre dans les contextes d'accès totalement libre à ces ressources.
- Hardin ne les évoque pas dans son article, mais les critiques (positives ou négatives) de ce texte se fonderont souvent sur l'exemple des prés communaux qui entouraient les villages anglais jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; chaque villageois y avait accès pour y faire paître ses animaux, ce qui entretenait une structure sociale et fournit aux villageois une certaine sécurité (accès libre et gratuit à une ressource partagée, gérée par la communauté).
- Du fait de la liberté de l'accès au pré communal, la plupart des éleveur n'intégraient pas les risques induits par le surpâturage ou la surexploitation des haies, champignons, plantes médicinales, etc. Or, sans une gestion partagée, le surpâturage finit par fortement dégrader la fertilité du pré communal et destruire ce bien collectif.
Remarques Les auteurs, économistes notamment, qui ont utilisé l'exemple des prés communaux n'ont généralement pas tenu compte de deux faits, ce qui peut avoir biaisé certaines déductions :
- ces "communaux" étaient également généralement déjà situés sur les terres les plus pauvres, acides ou caillouteuses du village ou loin des fermes principales et des bourgs-centres, presque toujours sur des terres peu attrayantes qui n'intéressaient pas les abbayes ni les seigneurs ou les plus riches propriétaires. Ils servaient néanmoins de "tampon social" (en cas de crises par exemple une famine liée à une sécheresse, des inondations, une guerre, etc).
L'analyse de quelques archives communales laissent penser que l'on y mettaient d'ailleurs pas les chevaux, vaches ou moutons les plus précieux, mais les ânes, mulets, baudets et seulement quelques moutons et/ou chèvres jugés plus "rustiques". La récupération des bouses de vaches là et quand elle se pratiquaient privait en outre le sol du recyclage naturel des nutriments en y induisant un déséquilibre (trop d'azote, issu de l'urine des animaux mais néanmoins très soluble dans l'eau et donc exporté vers les cours d'eau ou nappes, et pas assez de matière organique) - enfin, avec le recul, il s'avère que le surpâturage a aussi eu - en région tempérée - une conséquence heureuse : ces terres n'ont jamais été labourées, elles ont souvent été peu ou modestement drainées, et dans le cas de certains milieux paratourbeux acides et/ou de landes sèches ou humides, leur caractère oligotrophe (naturellement pauvre en nutriment) y a été entretenu. Leur gestion était parfois extensive ("contrôle" plus approximatif des buissons et haies)... Or les milieux naturellement oligotrophe abritent une biodiversité beaucoup plus élevée que les prairies grasses et sols trophiquement riches souvent plutôt situés dans les fonds de vallées ou sur certains plateaux loessiques. Un système de prés communaux abritait jusqu'à plus de 300 espèces de plantes quand une prairie grasse industrielle d'aujourd'hui n'en abrite plus que quelques dizaines. On y avait souvent conservé des mares pour que les animaux puissent s'y abreuver. Ces mares abritaient souvent une dizaine d'espèces d'amphibiens (presque tous devenus rares ou menacés depuis quelques décennies). Ces communaux ont donc (involontairement et durant des siècles) joué un rôle de réserve semi-naturelle de biodiversité pour la faune, la flore, la fonge et divers microorganismes. Au Royaume-Uni et dans le nord de la France, dans de zones cultivées depuis 1000 ou 2000 ans, quelques unes des réserves naturelles les plus riches en espèces rares sont d'anciens près communaux [ex : pré communal d'ambleteuse ou une partie des réserves naturelles du plateau d'Helfaut dans le Pas-de-Calais], et ce n'est pas un hasard).
En savoir plus
- Page conacrée à Garrett Hardin par la Wikipédia francophone
- La Tragédie des Communaux, texte produit par une professeure de biologie, à l'Université de Californie (Santa Barbara), inspiré de son intervention faite avant la réunion de la Division Pacifique de l'Association Américaine pour l'Avancement de la Science à l'Université d'État d'Utah, Logan, le 25 juin 1968]
- présentation du texte sur le site de la Garrett Hardin Society
Auteur de : La tragédie des (biens) communs